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L’accès à l’éducation pour les enfants et étudiants en situation de handicap est l’un des sujets les plus polémiques abordés dans la sphère publique. Sur le papier, pourtant, le sujet semble avoir été pensé et encadré de sorte à ce que chaque élève en âge d’aller à l’école puisse être scolarisé. C’est ce que prévoit, tout du moins la fameuse loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances et plus particulièrement l’article 19 “ Tout enfant a droit à une formation scolaire qui, complétant l’action de sa famille, concourt à son éducation.”
Comme bien souvent en matière de handicap, de la lettre à la réalité, le fossé est de taille et il existe plusieurs raison à cela. La première réside dans le manque d’Accompagnants d’Elèves en Situation de Handicap (AESH; AVS à mon époque). Cette fonction absolument indispensable à la poursuite de l’objectif républicain d’égalité des chances consiste à fournir à l’élève une aide technique dans tous les actes indispensables à sa scolarité qu’il ne peut réaliser seul (enlever / enfiler un manteau, sortir les cahiers, prise de notes, transferts, manger/boire, aller aux toilettes …).
Pourquoi cette fonction est-elle en déficit de candidatures ?
Plusieurs raisons à ce phénomène :
- La rémunération: les AESH bénéficient bien souvent d’une rémunération faible.
- Le manque de reconnaissance : peu d’avantages et un manque de formation persistant selon certains témoignages. En effet, une réforme avait il y a quelques années tenté certaines améliorations pour apporter un véritable statut à ces aides scolaires et une formation de soixante heures. De nombreuses personnes pratiquant cette fonction attestent de l’insuffisance de cette derrière qui n’apporte pas une information suffisante sur chaque type de handicap. Par ailleurs, beaucoup d’assistantes expriment leur sentiment de ne pas voir leurs compétences et leur rôle suffisamment valorisé au sein de la société.
Mon expérience
Tout au long de ma vie, mes parents mirent un point d’honneur à m’élever par leurs propres moyens, au domicile familial, refusant systématiquement tout recours à des institutions spécialisées si ce n’est pour certaines de mes prises en charge en termes de soins de santé, lors de mon plus jeune âge (kinésithérapeute, orthophoniste …). Ainsi, dès lors que je fus en âge d’être scolarisée en classe de maternelle, ils me firent passer des tests de Quotient Intellectuel dont les résultats confirmèrent amplement mes capacités de suivre un cursus classique à l’école de la République. C’est ainsi que je fus inscrite dès la petite section en école publique et accompagnée d’une Aide de Vie Scolaire (AVS). Durant une grande partie de ma scolarité notamment la première, cette question n’a pas été à l’origine de désagréments particuliers. Lors de mon entrée en classe de sixième, nous remarquons une première fois le refus de la part des autorités de maintenir en fonction des personnes entièrement qualifiées et motivées puisque le contrat de mon assistante de l’époque ne fut pas renouvelé; mais cet imprévu fut tout de suite rattrapé par ma rencontre avec la personne qui me suivra jusqu’à la fin de ma cinquième. Malgré de nombreux efforts, nous ne sommes pas parvenus à maintenir cette personne en fonction, cela sans compter les effets catastrophiques qu’engendrèrent cette absence sur ma situation familiale. En effet, un tel refus émis de manière tout à fait inattendue eut des conséquences sur celle-ci en ce que ma maman s’était vue contrainte de suspendre son activité professionnelle durant le temps que le Rectorat alloua à la recherche d’une solution. C’est un scénario similaire qui nous attendit à l’occasion de mon année de seconde durant laquelle les absences répétées de mon AESH ne furent remplacées que quelques semaines précédant la fin du troisième trimestre, et conduisirent, cette fois-ci, ma mère à quitter définitivement son emploi.
Mon avis
Ce genre de désagréments est non seulement une atteinte au droit pour l’élève handicapé d’être accueilli au sein d’une école classique, mais également à la stabilité du train de vie de la famille. Si la fameuse loi pour l’égalité des chances, en date du 11 février 2005, garantit en son article 19 le droit pour tout enfant ou adolescent présentant un handicap d’être accueilli en structure classique, cette disposition ne saurait être effective sans la présence des AESH, indispensable à accomplir tout acte que l’élève n’est pas en capacité d’assurer seul. Il est par conséquent essentiel à la stricte application de la loi de mener une plus grande sensibilisation à la problématique des AESH, à leur utilité fondamentale.
Un autre aspect notable est aussi celui des difficultés entraînées par la pénurie de candidatures, contraignant une charge pour les Accompagnant(e)s de plusieurs enfants à la fois, et par conséquent une situation défavorable à l’élève, souvent accompagné par deux personnes. Une fois encore, je peux affirmer, au regard de mon vécu passé, qu’un double accompagnement est de nature à semer un trouble dans l’organisation du travail scolaire, ce dernier pouvant se révéler particulièrement défavorable à l’élève.
En vous orientant vers la deuxième partie de cet article, vous pourrez découvrir la solution que je propose, conformément à ma propre expérience, pour résoudre à la fois le problème du manque de reconnaissance des AESH mais aussi celui du déficit de candidatures.
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